Jacques Gillot-Péan – Janvier 2020
Comme toujours, la confiance reste la clef de voûte de la réussite que ce soit pour une personne, une entreprise ou un marché.
Il en est de même pour un pays : lorsque que le socle des croyances et des valeurs qui ont cimenté le succès se morcelle ou s’effrite le doute s’insinue, ronge la confiance en interne et installe la défiance des partenaires externes rendant prudent, frileux ou absent tout investissement.
Il semble que cette « crise de foi » menace le Gabon en ce début d’année 2020. Les succès significatifs des derniers mois et les potentialités du pays n’arrivent pas encore à gommer les doutes qui peuvent plomber l’avenir du Gabon. Il faudra conduire des changements radicaux pour que la quête de la confiance soit couronnée.
Le temps des succès
En 2019 et plus spécifiquement sur les six derniers mois de l’année, le Gabon a rencontré de réels succès et des signaux encourageants pour l’avenir :
- Une guérison, semble-t-il, quasi complète du Président Ali Bongo Ondima après son accident vasculaire cérébral de 2018
- Une dette publique et un déficit budgétaire en baisse
- Une économie qui se redresse (prévision de croissance de + 3,4%) après deux années « blanches » (0,5% en 2017 et 0,8% en 2018)
- Une inflation maîtrisée autour de 1 à 2% au lieu des 6% il y a encore deux ans
- Un gros potentiel de développement dans le tourisme, la pêche, la nouvelle économie et surtout dans le secteur du bois tropical (production des grumes transformées multipliée par quatre sur les dernières années).
Le temps des doutes
Si les choses bougent dans le bon sens et de manière significative, toutefois, la situation reste précaire car des doutes persistent tant sur les plans politique, économique que social :
- Une valse des nominations ministérielles : huit remaniements sur la seule année 2019. On en perd le sens politique et parfois même le sens commun. En tout cas, cette instabilité des équipes au pouvoir crée le doute sur la solidité des institutions
- Une opposition décimée (depuis les partielles d’août 2019) : on ne devine pas de projet cohérent pour une éventuelle alternance lors des élections présidentielles de 2023
- Une reprise qui reste lente malgré des indicateurs macroéconomiques en bien meilleure santé : seuls deux objectifs (réduction du déficit budgétaire et solde positif de la balance des paiements) sont atteints sur les onze du plan de relance 2017-2019
- Un chômage et une pauvreté qui restent élevés (environ 25% de la population) et qui, dans certains cas, progressent.
- Une dépendance chronique du pays aux activités liées au pétrole : de nouveaux contrats d’exploitation ont été signés depuis la mi 2019 ce qui n’était plus arrivé depuis cinq ans. Cette bonne nouvelle pour les finances du pays risque, aussi, de renforcer cette dépendance.
Conclusion
Pour retrouver la confiance en interne et vis à vis des partenaires externes, le Gabon doit conduire un changement radical dans la durée autour de trois renoncements majeurs :
- La croyance que la fonction publique reste la voie royale pour les emplois de demain
- L’espérance que la rente des revenus pétroliers soit un puit sans fond
- L’aveuglement de la facilité et du court terme.
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