La problématique du temps et des priorités

La problématique du temps et des priorités

Jacques Gillot-Péan –2021

 

 

 

Introduction

 

 

La problématique de la gestion de son temps et de ses priorités se pose pour chacun d’entre nous, notamment lorsqu’on est manager. C’est parce que nous sommes dans un univers professionnel où les semaines et les journées sont cadencées par des rendez-vous à honorer, des interventions à réaliser, des dossiers à régler, des projets à élaborer, où un ensemble de contraintes et de sollicitations oblige un responsable à agir, à décider et à arbitrer que la question de la gestion du temps et des priorités se pose.

 

Bien entendu, chacun vit son temps comme il l’entend au sein d’une communauté qui a ses règles. Ne rêvons pas d’un mythe de Robinson Crusoé, sans Vendredi et sans les chèvres, où l’autre n’existe pas et, donc, les contraintes non plus. Ne rêvons pas plus d’un mythe de l’anarchie où nous faisons ce que nous voulons, quand nous le voulons et comme nous le voulons. Les règles existent et les outils, techniques ou astuces pour optimiser la gestion de son temps et de ses priorités sont légion.

 

Pour autant si les tentatives dans ce domaine rencontrent souvent des échecs, si les « dérives » comportementales prennent souvent le pas sur la rationalité des actions c’est que nous ne prenons pas suffisamment conscience de cette notion fondamentale du temps : il est à la fois insaisissable, inexorable et irréversible.

 

 

Le temps est insaisissable

 

Il est quasiment impossible d’identifier très clairement cette notion très subtile qu’est le temps. Il existe une confusion permanente entre le passé, le présent et le futur qui nous laisse perplexe et une confusion tout aussi fréquente entre le temps et la durée.

 

Le temps c’est, bien entendu, celui de l’horloge, du sablier ou du calendrier ; autrement dit un étalonnage reconnu et admis par tous même si pour certains il demeure discutable. La durée c’est le vécu subjectif du moment qui passe, de la temporalité : une seconde c’est toujours une seconde mais nous pouvons avoir des perceptions très différentes de cette durée. A la fin de la lecture de cet article, certains penseront que c’est très long, d’autres diront, peut-être, « cela a passé très vite » et pourtant la durée aura été la même pour tous.

 

C’est pourquoi, le temps reste objectivement insaisissable : c’est, avant tout, une image que l’on s’en fait, une perception très personnelle.

 

 

Le temps est inexorable

 

Le paradoxe du temps c’est que rare sont ceux qui estiment en avoir suffisamment, alors que chacun dispose de la totalité. A la différence des autres ressources, celle-ci ne peut être achetée ou vendue, empruntée ou volée, stockée ou économisée, fabriquée, multipliée ou modifiée. On ne peut qu’en faire usage et, si l’on ne s‘en sert pas, elle n’en disparaît pas moins. Elle est, à l’évidence, la plus précieuse de toutes puisqu’elle est la seule à ne pas être renouvelable.

 

C’est pourquoi, d’ailleurs, l’expression « gagner du temps ou perdre du temps » n’a aucun sens. Nous disposons de la totalité du temps disponible. Tout ce qui est en notre pouvoir, c’est d’en faire un bon ou un mauvais usage et c’est déjà pas si mal : en faire un bon usage c’est du plaisir et de l’efficacité (sans être exclusif) ; en faire un mauvais usage c’est du déplaisir et de l’inefficacité (sans être exclusif non plus).

 

Face à cet aspect inexorable du temps, il convient d’être avare de son temps plus que de son argent. Il est beaucoup plus raisonnable de déléguer la gestion de son carnet de chèque que celle de son agenda. Or, nous réfléchissons bien plus à l’emploi de notre argent renouvelable qu’à celui de notre temps irremplaçable.

 

 

Le temps est irréversible

 

En matière de temps, si la pause, l’accélération ou le ralentissement ne sont pas possibles, on ne peut pas, non plus, faire des retours en arrière ou inverser le cours du temps. Le temps est irréversible : tel le fleuve, il s’écoule imperturbable de sa source à son estuaire et, cela, sans fin.

 

La flèche du temps ne connaît qu’un seul sens, du passé vers le futur, et elle n’est pas réversible : on naît, on vit, on meurt. C’est pourquoi la gestion du temps c’est d’abord la gestion de la vie. Alphonse de Lamartine montre bien le coté irréversible du temps qui passe dans une très beau sizain :

 

« Le livre de la vie est le livre suprême

Que l’on ne peut ni ouvrir ni fermer à son choix

Le passage attachant n’y s’y lit pas deux fois

Et le feuillet fatal se tourne de lui-même

L’on voudrait revenir à la page où l’on aime

Mais la page où l’on meurt est déjà sous nos doigts »

 

 

Conclusion

 

On ne peut pas dire, d’un côté, que l’on « manque de temps » et de l’autre, ne rien faire pour essayer d’en « gagner ». Bien des lois ou des règles peuvent nous aider à gérer notre temps. Toutefois, si nous voulons améliorer la gestion de notre temps, il nous faut d’abord accepter de le retrouver, de savoir de quoi il a été fait.

Cette prise de conscience nous fait peur : nous préférons ne pas savoir parce que nous avons peur de devoir changer. Nous sentons au fond de nous-même que le temps est le bien le plus précieux que nous possédions et nous avons, vis à vis de ce bien qui échappe sans cesse, une réflexion de protection.

 

 

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