Les profils de stratèges en management

Les profils de stratèges en management

Jacques Gillot-Péan –2022

 

 

 

 

Introduction

 

La pensée stratégique ne s ‘apprend pas sur les bancs des grandes écoles de management. Certes les fondamentaux en termes de culture, de concepts et de méthodologie constituent un atout incontournable pour diriger une entreprise et devenir un bon général apte à mener les grandes batailles industrielles, technologiques ou commerciales.

Toutefois, la pensée stratégique se compose d’autres caractéristiques ; il s’agit plutôt d’une mobilisation de ses capacités personnelles et d’un savant mélange d’expériences existentielles, de curiosité, d’analyse, de culture du doute et de communication.

 

Quelles sont les capacités essentielles à travailler, à développer pour entrer sur le terrain du stratège ? Peut-on tracer un profil type qui définirait le portrait-robot du bon stratège ?

Machiavel a identifié depuis très longtemps trois types de personnes : celles qui comprennent les choses par elles-mêmes, celles qui ont besoin qu’on les leur explique et celles qui ne les comprennent pas même avec des explications. Le stratège appartient assurément à la première catégorie.

Pour autant, il ne s’agit pas d’une opération « magique », la génétique n’a rien à voir dans l’histoire

 

 

 

Une typologie des stratèges :

 

Nous pouvons proposer une typologie des stratèges autour de deux axes essentiels :

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Le Prédateur

Le projet stratégique du prédateur n’est centré que sur la recherche de son propre intérêt. Le long terme ne l’intéresse pas, il vise la performance immédiate, l’effet d’annonce. Le prédateur n’a pas réellement d’alliés, hormis des alliés de circonstance qu’il abandonnera après usage. Sa garde rapprochée est en général composée de médiocres qui lui doivent tout.

En matière de gestion des conflits le prédateur a une approche très pragmatique : il est prêt à tous les compromis si le rapport de force n’est pas en sa faveur (les promesses n’engagent que ceux qui les écoutent), sinon il « tue » dès que possible les opposants frontalement ou non (les moyens sont sans importance).

Personnalité charismatique, le prédateur est séduisant. Il développe une vision aristocratique, hautaine et méprisante vis-à-vis d’un entourage qu’il enferme dans un syndrome de cour.

 

 

L’Idéaliste

Le projet stratégique de l’idéaliste est toujours marqué par la recherche du développement de la collectivité humaine, par une vision de long terme. L’idéaliste est aimé des collaborateurs qui partagent sa hauteur de vue, il possède donc de vrais alliés. Néanmoins, son incapacité à inspirer de la peur, sa difficulté à exclure définitivement les opposants ou les « déloyaux » le conduisent vers des situations délicates comme les tentatives de putsch ou de traquenard.

En matière de gestion des conflits, l’idéaliste croit que la négociation peut conduire au partage et à l’intégration (logique gagnant-gagnant)

L’idéaliste est charismatique. Habité par sa vision il peut apparaître illuminé ou naïf. Il cherche à convaincre plus qu’il n’écoute. La puissance de sa pensée est, parfois, contredite par sa difficulté à trancher et à exclure ses opposants

 

 

L’Hédoniste

L’hédoniste n’a aucun goût pour la planification stratégique. Son savoir et son savoir faire consistent à accéder au pouvoir et une fois assis sur le trône, il s’agit de jouir, pas de « bosser ». L’hédoniste a besoin d’un entourage dévoué à sa cause : il faut que le travail soit fait malgré tout ! Généreux il sait faire profiter ses alliés de ses largesses.

En matière de gestion des conflits, l’hédoniste recherche avant tout la paix, à n’importe quel prix. Face à ses opposants, il cherche d’abord à gagner leur sympathie, il n’hésite pas à les acheter ; enfin, il cèdera tout c’est à dire rien car seul compte la tranquillité et la durée de son règne. Sans conviction réelle, il peut faire volte-face au gré des rapports de force.

Attachant, généreux, drôle l’hédoniste est d’un commerce extrêmement agréable. On le croit gentil, il n’est que léger. On le croit chaleureux, il n’est que manipulateur. On le croit soucieux d’autrui, il n’est que centré sur la recherche de son plaisir.

 

 

Le Rigoriste

Le rigoriste excelle dans l’exercice de la planification stratégique. Il est habité par une vision pour entraîner la collectivité humaine avec méthode, précision et dogmatisme : chaque mot est pesé, chaque parole ou écrit vaut acte. Le rigoriste sait reconnaître ses alliés ; sa demande de loyauté et sa puissance peuvent, toutefois, le conduire à les transformer en exécutants.

En matière de gestion des conflits, le rigoriste ne sait pas négocier et ne connaît pas les compromis. Il préfère une défaite honorable à la retraite. Extrêmement rancunier, il ne pardonne jamais à ses ennemis ou ses opposants.

Le rigoriste est un homme d’autorité et de pouvoir, il exprime de la puissance et de la détermination. D’une ténacité à toute épreuve, il maintient le cap, y compris par mauvais temps. En situation calme, il s’ennuie et crée des tensions inutiles par impatience et impétuosité.

 

 

Le Maître Stratège

Le maître stratège est un pragmatique de la planification stratégique ce qui ne le prédispose à aucun choix dogmatique : il sait qu’il doit donner chair à sa pensée stratégique. Qu’importe le formalisme à la condition d’entraîner son équipe de Direction, son encadrement, ses troupes. Le maître stratège attache une importance considérable à sa carte des partenaires : on peut arriver au pouvoir par le fer et par le sang, on ne peut pas y rester sans alliés réels et déterminés. La « destruction » d’un opposant n’interviendra qu’en dernier recours (sans goût mais avec détermination).

En matière de gestion des conflits, le maître stratège est ouvert à toutes les approches : ni violent, ni dogmatique, ni prêt à la volte-face, il est un interlocuteur redoutable mais loyal.

Le maître stratège est caractérisé par la clarté de son analyse et de ses propos, la structuration de son action, la modération de ses prises de position. Il peut apparaître extrêmement paradoxal : transparent tout en ne disant jamais tout, cohérent tout en pouvant surprendre à n’importe quel moment

 

 

 

Conclusion

 

L’établissement d’une stratégie d’entreprise est indispensable. Cela donne des garanties pour le bon fonctionnement de l’organisation et pour l’épanouissement de la collectivité humaine de la société.

De nombreux modèles de réflexion stratégique existent, tous respectables et certains très pertinents au regard des évènements rencontrés par une entreprise. Il n’empêche que le profil de la personne qui produit et incarne la stratégie renforcera (ou pas) dans le temps le sens et la crédibilité de la démarche

 

 

 

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